Nous avons choisi de travailler sur la transmission car dès le début nous avons remarqué qu’il s’agissait d’un thème fondamental dans le patrimoine et la mémoire de la cuisine à travers les siècles qu’elle soit orale ou écrite.

 

Selon le CNRTL, la définition sociologique de la transmission est “l’ensemble des procédés par lesquels des éléments de civilisation se répandent dans les sociétés humaines” (Willems 1970). Le principal de ces procédés est la transmission du patrimoine de civilisation d'une génération à une autre. “La transmission sociale entre générations équivaut à la socialisation de la génération nouvelle et, en même temps, à la conservation de la civilisation” (Willems 1970).

Le mot « transmettre » est issu du latin « transmittere » ce qui signifie « envoyer » ou « mettre au-delà ». On trouve dans le Larousse les définitions suivantes : « Faire passer quelque chose à ceux qui viennent ensuite, à ses descendants, à la postérité » ; « Communiquer quelque chose à quelqu'un après l'avoir reçu ». C'est un procédé qui consiste à « faire passer d'une personne à une autre, d'un lieu à un autre » ; « à laisser à ses descendants ».

L'action de transmettre implique donc un émetteur et un récepteur.

 

Penser la transmission dans un schéma en ligne droite « émetteur / récepteur » tend à réduire l'idée de transmission à celle d'une simple communication d'informations. En effet, « c'est dans l'expérience individuelle qu'apparaît la notion de ce qui est juste, l'individu peut ainsi changer l'ordre social ; il est l'instrument des modifications des coutumes elles-mêmes. » (Mead) Il faut comprendre par là qu'une transmission est établie à partir du moment où l'individu incorpore l'objet transmis et le fait sien en l'utilisant à « sa manière ».

 

Georges Herbert Mead met en avant la part de création qui intervient dans tout processus de transmission. Il considère en effet que l'identité sociale de l'individu se construit toujours en rapport avec les autres, le personnalise, et fait sien ce qu'il reçoit dans les interactions qu'il a avec autrui. L’individu opère alors une “ségrégation active” de ce qui lui ai transmise et l’assimile à sa manière.

Pour réaliser notre enquête, nous avons travaillé en partenariat avec l’institut de recherche Paul Bocuse à Ecully. Nous avons choisi d’observer une classe en troisième année d’apprentissage et le chef Boivin qui est un MOF, durant plusieurs jours dans les cuisines. Nous avons observé la transmission qui s’opère entre le chef et les élèves, mais aussi les élèves entre eux, ainsi que ce que pouvait apporter les médias et le numérique dans la cuisine.

 

Pour illustrer nos propos, nous avons réalisé un film photographique montrant la transmission a plusieurs niveaux : la transmission culinaire, la transmission du savoir vivre, du savoir être et du savoir-faire, ainsi que la transmission de la technique et enfin la transmission à travers le numérique.