LE Bilan

 

Après le repas ( terminé vers minuit) chacun des participants s'est prêté à l'exercice de l'entretien pour nous raconter comment ils ont vécu la soirée. Voici leur témoignages...

 

Cliquer sur l'image de Martin, Yaying, Melissa et Ludmila pour découvrir leurs impressions 




ANALYSE ET BILAN

Retour sur les questionnements :

Notion d’identité(s) culinaire(s) ? Comment se construit(sent)-elle(s)? Sous quelle(s) formes ? Comment se produisent-elles dans un contexte de migration ?

Comment l’individu se dévoile à travers de la nourriture qu’il cuisine ? comment on le fait ? et en quoi ce partage de nourriture peut faire dialoguer des personnes ?

 

Les courses :

Immigrer c’est accepter l’abandon de ces pratiques même représentation l’essentialisation des pratiques culinaires antérieures. Il faut voir la cuisine comme une continuité et discontinuité des pratiques. Les participants s’adaptent en fonction des facteurs de faisabilité, il est en effet relativement cher de reproduire un plat de chez soi par exemple 5 euros les deux avocats. Pour combler ce manque, l’individu peut décider de ramener de la nourriture de chez lui s’il a l’occasion d’y retourner, ce qui était le cas avec tous nos participants. L’interculturalité est dans l’assiette : l’identité en migration se construit entre ce qui est gout, famille, le passé identitaire et la mémoire personnelle par exemple les plats sont souvent des recettes familiales, répétées maintes et maintes fois mais adapté au nouveau contexte de migration. Recherche des madeleines de Proust.

 

 

Le repas :

 

Le repas c’est un moment où chacun, partager la nourriture de chez soi, c’est un peu se dévoiler aux autres et la consommer c’est faire preuve d’intérêt et d’ouverture vers l’autre même si bien sûr il peut exister des réticences (ce qui est bon à manger varie en fonction des individus et plus largement des sociétés, cf œuf de 100 ans ou le chien) ce qu’on appelle une mise en culture alimentaire. Les participants ont cherché à atténuer cette mise en culture. Certains efforts ont été fait par les participants pour ne pas exclure comme un guacamole sans oignons rouge ou une quantité de piment moins élevée.

 

« La cuisine est bonne à penser » disait Claude Levi Strauss. En effet, bien plus que des aliments ce sont des pratiques et des techniques du corps qui sont mises en démonstrations. On a remarqué une certaine forme de diplomatie lors du repas, les participants à travers leur recettes ont cherché a plaire au plus grand nombre ou du moins rendre les plats accessibles à l'ensemble du groupe. Concrètement, cela se traduit par une faible dose de piment, ou par exemple la réalisation d'un guacamole sans oignons rouges.  

 

« Il faut regarder les pratiques alimentaires au travers du prisme de la circulation » Philippe Cardon. Au même titre que les hommes, les pratiques alimentaires circulent. Chacun se nourrit de son nouvel habitat, on l'a vu avec le recours à des ingrédients de substitution "qui ressemblent le plus" au produit d'origine comme le recours à la mozzarella ou le parmesan dans les recettes de Martin et Melissa. Refus de l’essentialisme. La cuisine est métisse et comme la société elle est façonné par les individus. 

 

Le repas fut dispensé "à l'assiette", chacun leur tour les participants ont préparé des assiettes individuelles pour les convives dans un esprit égalitaire, puisque chacun allait manger la même chose dans les mêmes proportions que son voisin. Cela renforce la création de liens entre les personnes car elles sont traitées de manière égalitaire, sans exception ou traitement de faveur. Elles partagent donc une expérience commune qui fut dans ce repas un élément important dans l'ambiance de la soirée car après un apéritif timide, les participants on pu apprendre à se connaître à travers leur plat que chacun présentait. 

 

Nous avons constaté que le budget des étudiants va impacter la fréquence des repas qu'ils ont l'habitude de faire dans leur pays d'origine. Par exemple: 2 avocats coûtent 5 euros au supermarché, alors qu'en Equateur pour le même nombre Melissa ne dépenserait que 30 centimes. Elle nous a confié alors ne pouvoir faire du guacamole que lors d'occasions spéciales en groupe. 

 

 

Ce qui fut frappant c’est de constater les liens qui ont pu se créer autour d’une table. Nous apprenons à connaître une personne à travers ce qu’elle mange et comment elle le mange. Rapidement les recettes furent échangées, chacun observe les réactions de l’autre, les participants étaient très fiers de présenter leur plat et étaient sensible aux réactions et critiques des autres convives.

 

Conclusion :

 

Cette expérience filmée fut un premier aperçu de comment on peut négocier sa culture quand nous sommes loin d’elle, elle permet de communiquer avec les autres mais représente quelque chose de confortant pour nous. Elle est adaptée au nouveau contexte, elle change, se transforme mais à travers son histoire et ses gestes qui nous ont été transmis elle perdure.